Conférence de presse du 6 avril 2022 tenue par le porte-parole du Ministère des Affaires étrangères Zhao Lijian
2022-04-06 23:20

CCTV : Dans un récent rapport, le Chongyang Institute for Financial Studies de l’université Renmin de Chine a procédé à un examen complet des moyens, des caractéristiques et des impacts des sanctions américaines contre la Russie, ainsi que des leçons à en tirer. Il a souligné que l’augmentation des sanctions à tous les niveaux n’aide pas à résoudre le problème, mais a de sérieux impacts négatifs sur la Russie, l’Europe voire le monde, entraînant une inflation mondiale, une perturbation des chaînes d’approvisionnement et une reprise économique ralentie. Avez-vous un commentaire à faire ?

Zhao Lijian : Depuis que le conflit entre la Russie et l’Ukraine a éclaté, les États-Unis ont multiplié les sanctions unilatérales contre la Russie et contraint d’autres pays à prendre parti. Le rapport que vous avez mentionné souligne qu’au cours des huit dernières années, depuis 2014, un groupe de pays, dirigé par les États-Unis, a imposé 8 068 sanctions à la Russie, ce qui en fait le pays le plus sanctionné au monde, dépassant l’Iran. Depuis le 22 février de cette année, 5 314 nouvelles sanctions ont été imposées à la Russie. 

J’ai également noté que le secrétaire adjoint du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, Mikhaïl Popov, a déclaré que, tout en forçant l’Europe à imposer des sanctions à la Russie, les États-Unis continuent d’importer eux-mêmes du pétrole russe, les importations ayant augmenté de 43 % pour atteindre 100 000 barils par jour au cours de la semaine écoulée, et autorisent leurs entreprises à importer des engrais minéraux russes. La guerre et les sanctions en cours ont entraîné un afflux de réfugiés, une fuite de capitaux et une pénurie d’énergie en Europe, mais ont permis aux États-Unis de réaliser des bénéfices et de s’enrichir.

L’histoire et la réalité ont prouvé que les sanctions ne peuvent pas garantir la paix ou la sécurité et qu’elles n’aboutiront qu’à une situation perdant-perdant, ce qui pèsera davantage sur l’économie mondiale déjà en difficulté et aura un impact sur le système économique mondial existant. Si les États-Unis souhaitent réellement apaiser la situation en Ukraine, ils devraient cesser de jeter de l’huile sur le feu, cesser d’imposer des sanctions, cesser les paroles et les actes coercitifs et s’engager réellement à promouvoir les pourparlers de paix. 

CRI : Le président serbe Aleksandar Vučić a annoncé sa victoire le 3 avril lors du premier tour de l’élection présidentielle du pays. Quel est le commentaire de la Chine ? Et quelles sont vos attentes pour le futur développement des relations Chine-Serbie ?

Zhao Lijian : Nous avons pris note des élections concernées. Le président Xi Jinping a envoyé un message de félicitations au président Vučić pour sa réélection le 5 avril.

La Chine et la Serbie sont des partenaires stratégiques globaux avec une profonde amitié traditionnelle. Ces dernières années, le président Xi et le président Vučić se sont rencontrés à plusieurs reprises et ont noué une bonne relation de travail et une amitié personnelle, ce qui a orienté les relations bilatérales sur la voie du développement à pas de géant. Les deux parties se soutiennent mutuellement sur les questions concernant les intérêts fondamentaux respectifs, travaillent ensemble pour promouvoir la construction d’une communauté de destin pour l’humanité, et défendent conjointement l’équité et la justice internationales. La coopération pragmatique entre les deux parties dans des domaines tels que les infrastructures et l’énergie a donné des résultats fructueux et a permis d’accroître le bien-être des deux peuples.

Nous sommes convaincus que, sous la direction du président Vučić, la Serbie réalisera de plus grandes avancées dans son développement national. Grâce à nos efforts concertés, le partenariat stratégique global Chine-Serbie continuera de s’approfondir et les relations bilatérales connaîtront un avenir encore plus brillant.

Beijing Daily : L’Agence de coopération pour la défense et la sécurité des États-Unis a déclaré le 5 avril dans un communiqué de presse que le Département d’État avait approuvé la vente d’un soutien technique militaire et d’équipements connexes d’une valeur de 95 millions de dollars au « Bureau de représentation économique et culturelle de Taipei aux États-Unis ». Il s’agit principalement de la formation, de la planification, du déploiement, de l’exploitation, de la maintenance et du soutien du système de défense aérienne Patriot et d’autres équipements. Avez-vous un commentaire à faire ?

Zhao Lijian : Les ventes d’armes américaines à la région chinoise de Taïwan violent gravement le principe d’une seule Chine et les trois communiqués conjoints Chine-États-Unis, en particulier le Communiqué du 17 août, portent gravement atteinte à la souveraineté de la Chine et à ses intérêts en matière de sécurité, et nuisent gravement aux relations Chine-États-Unis ainsi qu’à la paix et à la stabilité dans le détroit de Taïwan. La Chine s’y oppose fermement et condamne vivement cela. 

La partie américaine doit respecter le principe d’une seule Chine et les trois communiqués conjoints Chine-États-Unis, annuler le plan de vente d’armes susmentionné, cesser les ventes d’armes à Taïwan et les liens militaires avec Taïwan. La Chine prendra des mesures fermes et vigoureuses pour sauvegarder résolument sa souveraineté et ses intérêts en matière de sécurité.

China News Service : Une organisation américaine de défense des droits des pauvres, en collaboration avec des économistes de l’ONU, a produit un rapport intitulé « Un rapport sur la pandémie des pauvres ». Avez-vous un commentaire à faire à ce sujet ?

Zhao Lijian : J’ai pris note de ce rapport. Il a révélé que les taux de mortalité dans les comtés pauvres des États-Unis étaient presque deux fois plus élevés que ceux des comtés riches. Les 300 comtés présentant les taux de mortalité les plus élevés ont un taux de pauvreté de 45 % en moyenne. Au cours de la troisième vague de la pandémie, les taux de mortalité étaient 4,5 fois plus élevés dans le groupe de comtés ayant le revenu médian le plus faible que dans le groupe de comtés ayant le revenu médian le plus élevé. Lors de la dernière vague liée à Omicron, le taux de mortalité était près de trois fois plus élevé dans les comtés où le revenu médian était le plus faible. Le manque d’accès à l’assurance maladie des personnes vivant dans les comtés pauvres est considéré comme un facteur très important.

Selon une autre étude, le risque d’hospitalisation dû à la COVID-19 est environ trois fois plus élevé chez les Amérindiens et les autochtones de l’Alaska par rapport aux Blancs, tandis que le risque de décès est environ deux fois plus élevé. Les populations autochtones souffrent de la persistance de la discrimination, de la marginalisation, de l’impossibilité de consulter les médecins souhaités et du sous-financement systémique des services médicaux pertinents, ainsi que du manque d’accès à l’eau potable, à une alimentation saine et aux services publics de base. Les conclusions de ce rapport et de ces recherches montrent clairement que le gouvernement et la société américains font preuve d’un mépris et d’une discrimination délibérés à l’égard des pauvres et des minorités ethniques, ce qui a manifestement limité leur capacité à se faire soigner.

Comme le révèle ce rapport en son début, « bien que la COVID-19 ne fasse pas de discrimination, la société américaine en fait ». Si le gouvernement américain attache de l’importance aux droits de l’homme et les protège réellement, il devrait alors attacher de l’importance à la vie et à la sécurité de chaque individu et les protéger sans discrimination.

Bloomberg : Les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie ont déclaré qu’ils travaillent au développement d’armes hypersoniques dans le cadre de leur nouveau pacte de sécurité trilatéral, appelé AUKUS. Ce groupement a été formé pour contrer ce que ces pays pensent être une position plus agressive de la Chine. Le Ministère des Affaires étrangères a-t-il un commentaire à faire à ce sujet ?

Zhao Lijian : Exploitant la crise ukrainienne et utilisant le prétexte du maintien de la sécurité et de la stabilité en Asie-Pacifique, AUKUS a déclaré de manière très médiatisée que les États-Unis et le Royaume-Uni fourniront des sous-marins à propulsion nucléaire à l’Australie et que les trois pays coopéreront sur des technologies militaires avancées, telles que les armes hypersoniques. Non seulement cela accroîtra les risques de prolifération nucléaire et aura un impact sur le système international de non-prolifération, mais cela intensifiera également la course aux armements et compromettra la paix et la stabilité dans la région Asie-Pacifique. Les pays de la région doivent être très vigilants à cet égard.

L’AUKUS est une clique anglo-saxonne où la vieille mentalité de la guerre froide et la politique des blocs persistent et où la vieille astuce consistant à provoquer une confrontation militaire et à jeter de l’huile sur le feu perdure. Son objectif ultime est de construire une réplique de l’OTAN en Asie-Pacifique pour servir l’hégémonie et les intérêts des États-Unis. Les pays d’Asie-Pacifique s’y opposeront résolument. 

Il ne faut pas corriger les autres avant de se changer soi-même.  Il est conseillé aux États-Unis, au Royaume-Uni et à l’Australie de faire face à l’aspiration des pays d’Asie-Pacifique à la paix, au développement, à la coopération et à des résultats gagnant-gagnant, d’abandonner la mentalité de la guerre froide et le jeu à somme nulle, de remplir fidèlement leurs obligations internationales et de faire davantage de choses propices à la paix et à la stabilité régionales.

Reuters : Selon des reportages, de nombreux civils ont été tués dans la ville ukrainienne de Boutcha. L’Ukraine a déclaré qu’il s’agissait d’un crime de guerre commis par la Russie. La Russie a déclaré que les preuves présentées ont été mises en scène par l’Occident pour la discréditer. La Chine croit-elle la Russie lorsque cette dernière affirme que les preuves des meurtres de civils ont été mises en scène par l’Occident ?

Zhao Lijian : La Chine attache une grande importance à la situation humanitaire en Ukraine et est très préoccupée par les dommages causés aux civils. Nous avons présenté une initiative en six points sur l’amélioration de la situation humanitaire et pris des actions concrètes pour fournir une aide humanitaire d’urgence à l’Ukraine. Les reportages et les images de décès de civils à Boutcha sont profondément troublants. Les circonstances concernées et les causes spécifiques de l’incident doivent être vérifiées et établies. Les questions humanitaires ne doivent pas être politisées. Toute accusation doit être fondée sur des faits. Avant que les conclusions de l’enquête ne soient tirées, toutes les parties doivent faire preuve de retenue et éviter les accusations sans fondement. La Chine soutient toutes les initiatives et mesures susceptibles d’atténuer la crise humanitaire en Ukraine et est prête à continuer à travailler avec la communauté internationale pour éviter que les civils ne soient lésés.

Agence de presse Yonhap : En réponse au lancement par la RPDC d’un missile balistique intercontinental, les représentants en chef de la République de Corée et des États-Unis pour les pourparlers à six chercheraient à obtenir une nouvelle résolution du Conseil de sécurité des Nations unies. La Chine acceptera-t-elle de faire pression en faveur d’une nouvelle résolution du Conseil de sécurité des Nations unies sur la RPDC ? L’ambassadeur Liu Xiaoming, représentant spécial du gouvernement chinois pour les affaires de la péninsule coréenne, a-t-il l’intention de se rendre en République de Corée ?

Zhao Lijian : En ce qui concerne votre première question, la position de la Chine sur la question de la péninsule coréenne est cohérente et claire. Nous nous engageons à maintenir la paix et la stabilité sur la péninsule, à réaliser la dénucléarisation de la péninsule et à résoudre la question par le dialogue et la consultation. Dans les circonstances actuelles, toute action susceptible de conduire à une nouvelle détérioration et escalade de la situation est peu judicieuse. Nous espérons que les parties concernées resteront calmes, feront preuve de retenue, s’en tiendront à la direction générale du règlement politique, mèneront un dialogue significatif dès que possible et rechercheront des solutions efficaces pour répondre aux préoccupations de toutes les parties de manière équilibrée.

Pour ce qui est de votre deuxième question, nous publierons des informations en temps utile s’il y en a.

Hubei Media Group : Selon des reportages, la secrétaire générale de la CNUCED, Rebeca Grynspan, a récemment déclaré que l’Initiative pour le développement mondial (GDI), avec un cadre de principes et de priorités, est étroitement liée à l’amélioration des moyens de subsistance des populations et propice à la réalisation des Objectifs de développement durable. La CNUCED se réjouit de coopérer avec la GDI dans la recherche, l’évaluation et les plans de coopération technique de programmes spécifiques. Quel est le commentaire de la Chine ?

Zhao Lijian : La Chine apprécie grandement les remarques positives de la secrétaire générale Rebeca Grynspan sur l’Initiative pour le développement mondial. Nous sommes impatients de renforcer la l’alignement stratégique avec la CNUCED, de promouvoir la mise en œuvre de la GDI et de répondre conjointement aux défis mondiaux.

La GDI vise à accélérer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, pratique le véritable multilatéralisme, défend l’esprit de partenariat caractérisé par l’ouverture et l’inclusion ainsi que les principes de consultations amples, de contributions conjointes et de bénéfices partagés, et reste ouverte à tous les pays. La communauté internationale a réagi et participé activement à la GDI depuis son lancement. Plus de 100 pays et organisations internationales, dont l’ONU, ont exprimé leur soutien à l’initiative jusqu’à présent. Cela démontre pleinement que l’accélération de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 est une aspiration partagée par tous les pays, en particulier les pays en développement. Le concept de base de la GDI repose sur un large consensus international et ses points clés de coopération correspondent aux priorités de la coopération pour le développement entre les parties et dans le monde entier, jetant ainsi les bases d’un fonctionnement régulier et durable de l’initiative.

Des ajustements majeurs se préparent dans le paysage international et le développement mondial est confronté à une situation plus compliquée et plus grave. Il est de plus en plus important pour toutes les parties d’approfondir la coopération pragmatique dans le cadre de la GDI, de défendre les intérêts du développement commun et de réaliser le développement commun vers les Objectifs de développement durable définis par le Programme 2030.

La Chine est prête à travailler en étroite collaboration avec tous les pays, régions et organisations internationales qui s’intéressent à l’initiative, en particulier le système de développement de l’ONU, pour encourager conjointement la communauté internationale à se concentrer sur les questions de développement, à approfondir les partenariats de développement mondial, à construire une communauté pour le développement mondial et à apporter ensemble une plus grande contribution à l’accélération de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

China Daily : Selon des reportages, Hans Grundberg, envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Yémen, a annoncé que les parties au conflit au Yémen ont accepté une trêve de deux mois. Le gouvernement yéménite et les Houthis ont tous deux salué cet accord. La Chine a-t-elle un commentaire à faire ?

Zhao Lijian : La Chine salue l’accord de trêve conclu par les parties au conflit au Yémen. Nous espérons que les parties concernées par la question yéménite donneront la priorité aux intérêts de leur pays et de leur peuple, résoudront les divergences par le dialogue et la consultation, parviendront à un règlement politique de la question yéménite et rétabliront rapidement la sécurité et la stabilité dans le pays.

Bloomberg : Le Premier ministre pakistanais Imram Khan a bloqué dimanche un vote de défiance prévu et a appelé à de nouvelles élections. La Chine a-t-elle un commentaire à faire ?

Zhao Lijian : La Chine suit le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays. La Chine et le Pakistan sont des partenaires de coopération stratégique de tout temps. L’histoire a prouvé à maintes reprises que les relations entre la Chine et le Pakistan ont toujours été indéfectibles et solides comme le roc, quelle que soit l’évolution du paysage international et de leurs situations intérieures respectives. Nous sommes convaincus que la situation générale de la coopération Chine-Pakistan et la construction du Corridor économique Chine-Pakistan ne seront pas affectées par la situation politique au Pakistan. En tant qu’ami à toute épreuve du Pakistan, nous espérons sincèrement que toutes les parties au Pakistan resteront unies et travailleront ensemble pour préserver l’intérêt général du développement et de la stabilité du pays.

AFP : Le haut représentant diplomatique de l’UE, M. Borrell, a déclaré que lors du sommet UE-Chine de la semaine dernière, les responsables chinois n’ont pas voulu parler de l’Ukraine. Quelle est votre réponse ?

Zhao Lijian : Les dirigeants de la Chine et de l’UE ont récemment tenu une réunion très réussie. Les remarques du fonctionnaire européen concerné vont à l’encontre des faits. Ce que le fonctionnaire européen concerné devrait faire, c’est faire progresser les relations bilatérales entre la Chine et l’UE conformément au consensus et à l’esprit du sommet Chine-UE, au lieu de faire des remarques irresponsables.

Agence de presse Xinhua : Selon des reportages, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a annoncé la victoire du parti au pouvoir, la Fédération des jeunes démocrates, aux élections législatives du 3 avril. Quels sont les commentaires et les attentes de la Chine concernant le futur développement des relations sino-hongroises ?

Zhao Lijian : Le Premier ministre du Conseil des Affaires d’État Li Keqiang a envoyé un message de félicitations au Premier ministre hongrois Viktor Orban à la première occasion. Le conseiller d’État et ministre des Affaires étrangères Wang Yi s’est entretenu par téléphone avec le ministre des Affaires étrangères Péter Szijjártó et a félicité la Fédération des jeunes démocrates pour sa nouvelle victoire aux élections législatives hongroises. La Chine et la Hongrie jouissent d’une profonde amitié traditionnelle et leurs relations bilatérales ont maintenu un développement de haut niveau ces dernières années. La Chine est prête à travailler avec la Hongrie pour maintenir des échanges de haut niveau, renforcer la confiance mutuelle stratégique, approfondir la coopération pragmatique dans divers domaines et porter le partenariat stratégique global Chine-Hongrie à un nouveau palier.

Bloomberg : La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, vient de déclarer que la Chine devait adopter une position claire sur la question de l’Ukraine. Avez-vous une réponse à cela ?

Zhao Lijian : La position de la Chine sur la question de l’Ukraine est très claire. J’ai déjà précisé la position de la Chine en répondant à la question de l’AFP. 

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