Le 17 mai 2024, S.E.M. JI Ping, Ambassadeur de Chine à Madagascar, a accordé une interview au journal MIDI Madagasikara.
Voici l'intégralité de l'interview:
Question: Vous êtes arrivé à Madagascar il y a deux mois, selon vous, quelles sont les pierres angulaires du développement stable et sain des relations sino-malagasy?
Réponse : Depuis l’établissement des relations diplomatiques il y a une cinquantaine d’années, malgré les turbulences internationales, la Chine et Madagascar sont toujours interdépendants. Ils se sont respectés et se sont soutenus dans la défense ferme de l’indépendance nationale et de la souveraineté d’État. Les deux pays ont toujours adhéré aux principes de sincérité et d'amitié, d'égalité et de coopération gagnant-gagnant, en respectant toujours les engagements solennels pris dans le communiqué conjoint sur l'établissement des relations diplomatiques.
D'une part, « la Chine soutient fermement le gouvernement malagasy dans la sauvegarde de l'indépendance nationale et de la souveraineté d’Etat et dans le développement de l'économie nationale ». Un demi-siècle après l’établissement des relations diplomatiques, la coopération économique entre les deux parties s’est élargie et approfondie sans cesse, le volume des échanges commerciaux entre les deux pays a atteint le niveau de 1,670 milliard de dollars en 2023. Une augmentation de cent fois par rapport à l’époque de l'établissement des relations diplomatiques. Depuis 2015, pendant 9 années consécutives, la Chine a été toujours le premier partenaire commercial pour Madagascar. L'année dernière, Madagascar a participé à la troisième édition de l'Exposition économique et commerciale Chine-Afrique en tant que pays d’honneur. Les produits spéciaux de qualité « Made in Madagascar » sont exportés vers les marchés chinois et mondial, 98 % des articles en provenance de Madagascar vers la Chine bénéficie de l’exemption de droits de douane, et la coopération entre les deux parties a également obtenu une série de nouveaux acquis dans les domaines du Transport, de l'Energie, de l'Agriculture, de la Communication, de la Santé publique et du Développement du Capital humain.
D'autre part, le gouvernement malagasy a sincèrement gardé sa promesse selon lequel « la République populaire de Chine est le seul gouvernement légitime représentant le peuple chinois ». Depuis plus d’un demi-siècle, la partie chinoise est très heureuse de témoigner que Madagascar a toujours adhéré au principe d'une seule Chine et honoré ses engagements sur cette question vitale. Il n'y a pas longtemps, après le fort tremblement de terre qui a frappé Taiwan, le président malagasy Andry Rajoelina a envoyé une lettre de condoléances au président chinois Xi Jinping, réaffirmant une fois de plus cette position de la partie malagasy.
Question: Beaucoup de Malagasy n’ont peut-être pas bien connu la question de Taiwan, pourriez-vous nous éclairer davantage ?
Réponse : Taiwan n’est jamais un pays indépendant, les faits historiques sont autant clairs que les faits jurisprudentiels à cet égard. En 1895, après la guerre d'agression contre la Chine, le Japon a forcé le gouvernement de la dynastie des Qing à lui céder Taiwan et les îles de Penghu. Depuis ce moment-là, le Japon a occupé Taiwan pendant un demi-siècle. Durant la Seconde Guerre mondiale, la Chine, les États-Unis et le Royaume-Uni ont signé la Déclaration du Caire, qui stipule que le Japon devait restituer à la Chine les territoires chinois qu’il avait occupés. Le 25 octobre 1945, le gouvernement chinois a proclamé qu'il avait « exercé de nouveau sa souveraineté à Taiwan » et organisé à Taibei une cérémonie d’acceptation de la reddition du Japon de la province de Taiwan du théâtre de guerre chinois. Ainsi, la Chine a récupéré Taiwan de jure et de facto.
La question de Taiwan est héritée de la guerre civile chinoise des années de 1940 et constitue une affaire intérieure de la Chine. Le 1er octobre 1949 marque la fondation du gouvernement populaire central de la République Populaire de Chine, remplaçant le gouvernement de la République de Chine comme l’unique gouvernement légal de la Chine, le régime de Tchang Kaï-chek s'est retiré à Taiwan pour y établir une autorité locale, créant une situation particulière de confrontation politique entre les deux rives du Détroit à long terme. Le régime de la Chine a été changé, mais dans ce cadre, la personnalité juridique internationale de la Chine n'a jamais été interrompue. Après son arrivée au pouvoir à Taiwan, le Parti Démocrate Progressiste (DPP) s'est obstiné à suivre la voie erronée de l'« indépendance de Taiwan », servant volontairement de pion aux forces anti-chinoises des États-Unis pour contenir la Chine, et poursuivant sans retenue l'« indépendance » et les provocations. Telle est la genèse et le statu quo de la question de Taiwan.
Le fait que les deux rives du Détroit ne soient pas encore totalement réunies est une blessure laissée par l'histoire pour la nation chinoise. La cicatrisation de cette blessure historique par la réunification nationale complète est le souhait commun de la nation chinoise. Un poète taiwanais, Yu Guangzhong, a exprimé par son poème intitulé « Nostalgie » le souhait de la majorité des compatriotes taiwanais pour la réunification. Comme l’a dit : « Quand j'étais enfant, la nostalgie était un petit timbre, j'étais de ce côté-là, ma mère était de l’autre ; quand j'ai grandi, la nostalgie était un petit billet de bateau, j'étais de ce côté-là, ma fiancée était de l’autre ; plus tard, la nostalgie était une petite tombe, j'étais à l’extérieur, ma mère était à l’intérieur ; et maintenant, la nostalgie est un Détroit, je suis sur cette rive-là, la Chine continentale est de l’autre ». Ce poème est très significatif pour exprimer la voix commune du peuple des deux rives du Détroit. La question de Taiwan est importante, c’est parce qu'elle concerne non seulement la souveraineté et la dignité de la Chine, mais aussi l’aspiration du peuple chinois tout entier à la réunification qui constitue depuis longtemps une préoccupation vitale.
Question: Quelle est la position actuelle de la communauté internationale sur la question de Taiwan?
Réponse : Le principe d'une seule Chine est un consensus universel de la communauté internationale. La souveraineté et le territoire de la Chine n'ont jamais été divisés et le statut que Taiwan fait partie du territoire chinois n'a jamais changé. En tant qu’unique gouvernement légal de la Chine, le gouvernement de la République populaire de Chine peut jouir totalement de sa souveraineté, y compris à Taiwan.
En 1971, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution n° 2758 lors de sa 26ème session, dans laquelle elle a décidé « le rétablissement de la République Populaire de Chine dans tous ses droits et reconnaissance des représentants de son gouvernement, les seuls représentants légitimes de la Chine à l’Organisation des Nations Unies, ainsi que l’expulsion immédiate des représentants de Tchang Kaï-chek du siège qu’ils occupent illégalement à l’Organisation des Nations Unies et dans tous les organismes qui s’y rattachent ». Cette résolution a réglé définitivement, sur le plan politique, juridique et procédural, la question de la représentation de la Chine, y compris Taiwan, au sein de l’ONU, mais aussi a affirmé qu'il n'y a qu'un seul siège pour la Chine à l’Organisation des Nations Unies et qu’il n’existe pas « deux Chine » ou « une Chine, un Taiwan ». Les avis juridiques officiels rendus par le Bureau des Affaires juridiques du Secrétariat des Nations unies indiquent clairement qu’il considère « Taiwan, en tant que province de la Chine, n’a pas de statut indépendant », que « les autorités de Taiwan ne jouissent d’aucune forme de statut gouvernemental », et qu’il faut utiliser le terme « Taiwan, province chinoise ».
L’adhésion du principe d’une seule Chine est un engagement solennel pour 183 pays qui ont établi les relations diplomatiques avec la Chine, mais certain pays prétendent respecter le principe d’une seule Chine et ne pas soutenir l' « indépendance de Taiwan ». En même temps, ils agissent d’une autre façon, en soutenant et en encourageant les forces de l’« indépendance de Taiwan ». Ils ont renforcé les interactions officielles avec la région de Taiwan, obscurci et vidé le principe d'une seule Chine et n’ont cessé de remettre en question la ligne rouge de la partie chinoise, dans le but d'empêcher la réunification de la Chine et d'obstruer le développement de la Chine. Ces actions vont à l'encontre du principe d'une seule Chine, violant gravement la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Chine et constituant une ingérence dans les affaires intérieures de la Chine .
Question : Quelle est la position du gouvernement chinois pour résoudre la question de Taiwan?
Réponse : Dans l’histoire de la Chine, il y n’a qu’une tradition de poursuite de l’unification, et jamais celle de sécession. Le sang est plus épais que l’eau et les compatriotes des deux rives du Détroit sont unis par des liens de chair. Personne n’espère plus que le peuple chinois que la question de Taiwan puisse être résolue par des moyens pacifiques et que la réunification nationale puisse être réalisée.
« La réunification pacifique et un pays, deux systèmes » constituent le principe fondamental que nous poursuivons pour régler la question de Taiwan et la meilleure approche pour réaliser la réunification du pays. Les différences de système social ne sont ni un obstacle à la réunification, ni un prétexte à la sécession. Nous maintenons qu’après la réunification pacifique, Taiwan pourra conserver son système social actuel. Les deux systèmes sociaux coexisteront et se développeront ensemble à long terme. Lors de l’élaboration des modalités de mise en œuvre du principe « un pays, deux systèmes », nous tiendrons pleinement compte des réalités taiwanaises et des avis et propositions émanant de toutes les couches de la société des deux rives, et nous prendrons pleinement en considération les intérêts et les sentiments de nos compatriotes taiwanais.
Le mois dernier, Xi Jinping, secrétaire général du Comité Central du Parti communiste chinois a parlé des quatre « déterminations » lors de sa rencontre avec Ma Ying-jeou, ancien dirigeant de la région de Taiwan, à savoir la détermination à protéger le foyer commun de la nation chinoise ; la détermination pour le bien-être à long terme de la nation chinoise ; la détermination à renforcer le sentiment d'appartenance à la communauté de la nation chinoise, et la détermination à réaliser le renouveau de la nation chinoise. Nous entendons promouvoir le développement pacifique des deux rives du Détroit, multiplier les échanges et la coopération et renforcer la base pour la réunification pacifique, en tout sincérité, lutter pour les perspectives de la réunification pacifique. Ciblant les ingérences des forces extérieures et les activités sécessionnistes d’une infime minorité d’éléments visant l’« indépendance de Taiwan », nous nous réservons l’option de prendre toutes les mesures nécessaires. Tout en sauvegardant ses propres intérêts sur la question de Taiwan, la Chine défend également les normes fondamentales des relations internationales et les intérêts communs de la majorité des pays du monde .
Question : Quelles sont vos attentes concernant l’évolution future des relations sino-malagasy?
Réponse : Madagascar est le pays initiateur pour la mise en place du mécanisme de coopération sino-africaine, le Forum sur la Coopération Sino-Africaine « FOCAC ». C’est aussi l'un des premiers pays africains à rejoindre l'initiative « la Ceinture et la Route ». La Chine et Madagascar travaillent main dans la main, contre vents et marées, depuis plus d’un demi-siècle, et nous sommes heureux d’avoir un si bon ami et partenaire ; nous sommes heureux de voir que Madagascar a fait de la Chine un partenaire prioritaire en matière de coopération, et nous espérons également que la Chine et Madagascar travaillent ensemble pour de plus en plus d'acquis de coopération, au bénéfice des peuples des deux pays. Il existe un proverbe à Madagascar : « La culture du riz nécessite de l’entraide ».(Asa vadi-drano tsy vita raha tsy ifanakonana)Il est dans l’intérêt des deux pays et des deux peuples que la Chine et Madagascar se donnent la main. Sous la direction stratégique des dirigeants des deux Etats. Il nous faut travailler ensemble pour porter les relations sino-malagasy à un nouveau niveau .